La Brigade Insoumise
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La Brigade Insoumise

La renaissance n'y a rien fait, la bêtise subsiste ... Les mots n'ont d'ailleurs jamais servi ...
 
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 Adieu...

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Keri
Dépense-Aholic Paladine
Keri


Messages : 94
Date d'inscription : 04/11/2008
Localisation : Dans ma chambre avec ...

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MessageSujet: Adieu...   Adieu... Icon_minitimeJeu 4 Déc - 14:05

Le sang coule lentement le long de ses courbes, soulignant les lignes de son corps... Ces courbes si tendres, si fines, si délicates. Je retire délicatement la lame de son être, le grincement de l'acier sur l'os me transperce le cœur. Je regarde cette chair meurtrie, bafouée, humiliée, celle-là même que j'ai aimé caresser, frôler, embrasser me surprend désormais par sa nudité.

Je me redresse doucement ne pouvant détacher mes yeux de son corps. Au cœur de ce magma rougeâtre liquide et froid repose son enveloppe charnelle. Elle est recroquevillée, là sous mes yeux, en position fœtale, un amas de cheveux poisseux recouvre son doux visage. La finesse de ses attaches, la féminité de sa posture ferait la plus grande joie d'un peintre ou d'un sculpteur me dis-je, agissant telle une muse silencieuse dans leurs esprits fertiles. Maculée de sang, vulnérable, prostrée elle conserve malgré tout sa grâce naturelle.

Je ne peux détourner mes yeux de son corps sans vie, un lit de pétales jonche le sol recouvert de sang. Je reste là dans cette fraîcheur parfumée et sucrée à la détailler, comme pour me rappeler ce qu'elle est, enfin ce qu'elle était à mes yeux, pour que ma mémoire ne l'oublie pas, pour que mes yeux se rappellent ce corps tant adoré.

Tendrement je dégage son visage, ses cheveux glissent sur ses épaules aguicheuses, mes yeux passent de longues minutes devant cette œuvre d'art. Je reste contemplative face à ce cadavre disloqué, prisonnier de ses douleurs infernales, enfermé dans un tombeau rouge ruisselant. Je n'ai de cesse que de l'admirer malgré tout, dans toute sa fragilité et son aspect grotesque.

J'observe cette scène, je ressens la sauvagerie, la barbarie de cet acte dans chaque recoin de la pièce. Les murs sont recouverts de son sang versé par la fureur, ce sang qui m'a donné la vie, ce sang qui coule en moi, ce sang que je chéris tant. Je jette un dernier regard sur sa personne, elle est si parfaite même après sa mort, sa peau est toujours aussi douce qu'une pêche mais d'une froideur si exquise au bout de mes doigts que mon cœur en ressent une grande chaleur. Son contact me manque déjà pourtant je ne l'ai pas encore quittée.

Je m'attarde un moment à cette sensation étrange. Un léger sourire se dessine sur mes lèvres. Je dépose délicatement mon doigt sur sa bouche puis je le monte à mes lèvres en signe d'adieu... Elle m'a quitté en cette nuit, plus rien ne sera comme avant...

Une brise maritime vient lécher mon corps dénudé, m'arrachant à mes souvenirs, à mes rêves d'antan. J'entrouvre légèrement les paupières, tout est si flou, si obscur, si froid. Je remonte le drap lentement sur mon corps, je me retourne avec difficulté pensant retrouver mon adoré mais il n'est pas là, il doit surement être sur la plage à contempler l'océan à la lueur de la lune, à écouter le bruit des vagues...

Je me redresse maladroitement mais ma main se porte immédiatement sur ma poitrine, instinctivement mes yeux se portent sur la plaie. Le bandage sanguinolent ne laisse rien présager de bon. Je le retire, la douleur m'arrache un cri effroyable, mon corps cède, s'effondrant sur le matelas tacheté... Je sens le sang couler sur mes flancs, sur mon ventre rebondi que ma main caresse , « je ne partirais pas avant que tu sois dans ce monde je t'en fais la promesse. »

Mes paupières se font de plus en plus lourdes, la fatigue me gagne rapidement, je me sens si faible en cet instant que je décide de me reposer encore un peu. Une nouvelle douleur émerge du plus profond de mes entrailles cette fois ci, me lacérant de l'intérieur. Mes yeux s'écarquillent au fur et à mesure qu'elle gagne en intensité, mes membres tremblent frénétiquement sous la violence de l'attaque. Mes ongles se plantent machinalement dans les draps tachetés de sang. Ma mâchoire se resserre sous la force du déchirement. Mon rythme cardiaque s'enflamme rapidement, mon cœur bat si vite qu'il ne tiendra pas me dis je.. Ma respiration s'accélère, toujours plus rapide, je n'arrive plus à respirer, je dois lutter de toutes mes forces pour ne pas partir...

Puis soudain le calme plat, la douleur s'échappe lentement de mon corps me laissant un peu de répit puis la morsure revient plus forte, plus intense, plus profonde, elle dure ce qui me semble une éternité, elle me transperce si violemment que mon corps s'agite de plus belle...

Un liquide chaud coule le long de mes cuisses, la douleur s'amplifie rapidement. Mon corps se crispe, se contracte avec violence, je ne suis plus maître de celui ci, il convulse brutalement, j'écarte mes jambes machinalement, le travail a commencé.

Je prend une grande inspiration et pousse de toutes mes forces, je serre les poings. Un gémissement sort de ma bouche sèche, mon regard se brouille petit à petit... « Pas encore me dis je » Et dans un ultime cri de rage je pousse une dernière fois.

La délivrance, cet acte le plus beau au monde arrive à son terme. Un cri s'élève dans cette chambre si vide, signe qu'une nouvelle vie vient d'apparaître en ce monde. Tendant le bras autant que possible, j'attrape tant bien que mal l'une des dagues posées négligemment sur la table non loin du lit et tranche le cordon. J'attrape aussi une chemise qui trainait au sol, la sienne... Et j'enroule ce petit être fragile dedans. Je m'effondre, épuisée, mais dans un élan d'amour je me redresse, péniblement, à bout de forces, pour prendre cet être minuscule dans mes bras. Je la soulève délicatement et me rallonge dans le lit à ses cotés... Je la regarde pour la dernière fois mes yeux se ferment lentement... Je me sens partir...


Je rouvre les yeux et me retrouve debout à côté du lit. L'incompréhension m'envahit alors que je contemple mon propre corps allongé sur le matelas, l'enfant endormi dans les bras. Comment puis-je être à la fois ici et là? Est-ce un rêve ou suis-je réellement...

Une caresse effleure mon bras. Je tourne la tête et L'aperçoit, toujours aussi séduisante qu'à l'accoutumée, me souriant avec tendresse. Les questions se pressent en moi mais j'ai beau ouvrir la bouche, aucun son n'en sort. Je sens les larmes me monter aux yeux... Elle tend sa main vers moi, sans hésitation je la prend et elle m'entraîne à sa suite. Avant de quitter la pièce, mon regard se pose sur un miroir qui, par un phénomène qui m'échappe totalement, parvient à me renvoyer mon image de fantôme. J'ai à peine le temps de les apercevoir mais leur reflet reste gravé en mon esprit. Ces deux yeux plus noirs que les ténèbres... Ces deux joyaux d'obsidienne qui ont pris place en moi... Tels deux puits sans fond, hypnotisant l'âme elle-même... Deux sirènes visuelles torturant l'esprit afin qu'il vienne se perdre dans les abîmes les plus désespérantes... Deux prunelles sombres brillant pourtant d'un éclat malsain... L'on pourrait presque entendre provenir de ces deux étoiles occultes le doux chant sibyllin de la mort qui étend sur moi son obscur manteau. Une cicatrice d'encre tout aussi noire vient barrer chacun de ces yeux de haut en bas, croisant sous les prunelles le chemin d'un autre obscur segment parallèle aux lignes des yeux. Dans le prolongement des sourcils, de fines taches de ténèbres à la rondeur parfaite viennent ajouter au caractère hypnotique de cette vision

Et puis il y a d'autres choses qui me marquent profondément dans cette image... Les larmes de sang qui coulent le long de mes joues... Puis son visage décomposé après qu'il ait ouvert la porte et découvert mon corps inanimé. Mais Elle m'entraîne inexorablement, je tente de caresser sa joue une dernière fois. Ma main traverse son corps, suivi par le reste de mon essence. Je le sens frissonner à ce contact mais est-ce de froid ou de terreur? A peine ai-je le temps de me retourner pour lui dire je ne sais quoi qu'il est déjà trop loin de moi...

Adieu...
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Keri
Dépense-Aholic Paladine
Keri


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MessageSujet: Re: Adieu...   Adieu... Icon_minitimeLun 29 Déc - 22:35

J'erre seule, seule dans les labyrinthes de mon esprit tordu, dans les méandres de ma folie meurtrière, dans le souvenir de mon monde écarlate, sans vraiment savoir ce que mon âme veut, sans vraiment savoir ce que mon cœur veut. Repartir près d'eux ou rester là pour l'éternité à errer en paix? Que faire? Je suis perdue entre ces deux mondes... Perdue dans le désespoir, la colère, la haine, l'amour même. L'amour, ce sentiment si déchirant et si enivrant à la fois, cet amour si fort que je voue aux miens, à mes sœurs, à mes frères d'arme, pourra t-il me ramener près d'eux?

Les Ombres m'entourent, m'oppressent, m'effleurent, n'attendant qu'une seule chose... Mon appel. L'appel, celui qui fera de moi une damnée, un être condamné aux peines des enfers, condamnée à l'obscurité pour l'éternité, condamnée a agir en leur gloire, la gloire du Second Cercle.

Elles m'aguichent de visions vicieuses, bestiales. Me charment avec des saveurs d’antan, me tourmentent de chants funèbres. Ravivent mes sens, les montent à leur paroxysme et me les arrachent sauvagement pour mieux me manipuler. Elles m'emprisonnent pour mieux me dresser...

«Dans l'obscurité totale méfie-toi. Ils sortiront d'une de ces ombres où habilement ils se fondent, comme des loups affamés ils surgiront, hurlant à la mort de leurs étranges sourires. Leurs yeux cruels te contempleront, te caresseront. N'aies crainte mon enfant, laisse toi envoûter par leurs voix, leurs mains, laisse les boire ton âme par ton sang, accepte ces scarifications, douloureuses marques d'appartenance en mon nom.» Ces phrases n'ont de cesse que de me dévorer... Elles me rongent depuis des jours, martelant mes pensées, guidant mes pas indécis dans le vide.

De l’obscurité est venue l’heure des sacrifices me dis-je... Mon corps et mon âme acceptent de se livrer enfin… Je m'allonge sur l'autel, nue, je m'offre à eux tout simplement. La lumière réchauffe le lieu, elle cherche à se glisser dans l’édifice mais mes yeux ne peuvent pas les voir œuvrer, la nuit nous entoure, nous englobe dans son manteau velouté.

Leurs dents aiguisées caressent ma peau doucement, ils plantent lentement leurs aiguilles dans ma chair, cherchant mon fluide vital avec avidité, aspirant lentement mon âme, ma vie, mes souvenirs.

Les picotements d'extase se font ressentir intensément. Je caresse leurs têtes avec envie, je les bénit de mon sang, ce sang qui coule au goutte à goutte, prenant naissance à mes poignets, je me cambre de plaisir au fur et à mesure du rituel ... Je sens leur mains parcourir mon corps, cherchant à s'agripper, à m'emporter loin de ce monde, ma respiration se fait latente et chaude, des frissons parcourent mon enveloppe charnelle... La renaissance approche...

De leurs armes tranchantes naissent des perles écarlates, elles coulent en petites larmes, lentement, sur mon corps dévêtu. Plaisir des yeux, plaisir des papilles, ils me réclament chaleur et sang.

Pendant qu'ils m'ôtent la vie à petit feu je me met à penser à la nuit... La nuit que j'aime tant, celle qui deviendra mon tombeau pour l'éternité... C'est un univers d'horreur, tout comme mon âme est sombre. Elle est ma maitresse depuis toujours, mon refuge, ma complice la plus fidèle.

Mon esprit me laisse poursuivre encore un peu. Mon sang coule de plus belle et mon cœur me demande de ne plus vivre. La journée est un univers en couleurs, tout le contraire de mon être. Le jour est un moment de malheur pour moi, c’est pourquoi il doit disparaître à tout jamais. Avant que le soleil ne vienne tout gâcher, avant que les ténèbres ne m'enveloppent je pousse un dernier soupir de sérénité et m'endort...

J'entrouvre les paupières, tout est si flou, si froid autour de moi. J'observe cette pièce... Je la reconnais, c'est celle de l'étendard, je suis de retour parmi les miens, un sourire se dessine sur mes lèvres mais disparaît aussi tôt... Quelque chose ne va pas, je sens la haine envahir ce lieu de paix... Un seul mot sort de ma bouche sèche « Niniel! » Mes pensées se focalisent sur elle, ma sœur de sang, mon amie... Elle a besoin de moi.

Je me redresse lentement et déambule dans les couloirs sombres, m'appuyant sur les murs maladroitement, trébuchant sur les dalles froides. Je jette un furtif regard en direction des cachots espérant y trouver une victime mais rien, je me sens si faible... Mais elle a besoin de moi, je dois avancer coûte que coûte...

Les rayons du soleil envahissent les couloirs de plus en plus vite, ils se faufilent, s'invitent par les meurtrières, se hissent par les brèches pour m'atteindre. Ils lèchent ma peau, me marquant de leurs sceaux, ils essayent de me freiner dans ma course mais rien n’y fait, je dois la rejoindre.

Soudain une musique parvient à mes oreilles, les battements de son cœur enflammé, je me laisse guider par cette mélodie. Je l'aperçois enfin, j'ondule vers elle lentement, une odeur de haine l'entoure, le venin a envahi son cœur et son âme... La marque coule, ses larmes, petites gouttes de sang qui glisse le long de son beau visage innocent...

«Laisse ses gouttes de sang se détacher de ta haine envers le monde, concentre toi sur elle, ne retiens pas ta colère bien au contraire laisse la parler, aide la à s'évader de ton esprit, de ton corps... Nourris la ma douce, je suis là à présent... » murmurais-je.

[...]

« Tu as pris ma vie, ma confiance mais tu ne prendras pas mon âme, je ne te laisserais aucun répit, toi, l'infâme être insignifiante que tu es. Je prendrais ton sang et ta chair pour nourrir les chiens et les parias... Je t'ôterais la vie de mes propres mains, je ne te lâcherais pas … Nous ne te lâcherons pas, qu'Añav' Drun notre déesse en soit témoin, tu périras pour chaque larme versée... Je t'en fais la promesse maudite que tu es car oui tu l'es déjà pour moi... »
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